A Madagascar, l'écotourisme au secours d'une biodiversité unique au monde
Source | ANKAFARANTSIKA (AFP) |
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Release date | 14/10/2008 |
Geographical coverage | Madagascar |
Keywords | Ecotourisme, Biodiversité |
Lémuriens, oiseaux, poissons uniques au monde: Madagascar s'efforce de promouvoir l'éco-tourisme comme alternative à la déforestation qui menace une faune et une flore d'une richesse exceptionnelle.
En témoigne la forêt tropicale sèche d'Ankafarantsika, un des ensembles les plus emblématiques de la biodiversité de Madagascar, île qui concentre à elle seule près de 5% des espèces animales de la planète.
S'étendant sur 130.000 hectares à environ 500 km au nord-ouest de la capitale Antananarivo, cette forêt est gérée depuis 2002 par l'Association nationale pour la gestion des aires protégées (Angap). "La déforestation menaçait alors que la zone a un rôle stratégique", explique le directeur du site, René Razafindrajary.
Sanctuaire d'une biodiversité incomparable, la forêt sert aussi de réservoir d'eau pour la plaine de Marovoay, zone de culture de riz, aliment de base sur la Grande Ile. Pour préserver ce site, "l'éco-tourisme était sans doute la meilleure solution", juge Justin Rakotoarimanana, chef du volet conservation et recherche.
Mais ce choix n'est viable qu'avec le soutien des populations locales, dans un pays parmi les plus pauvres au monde, où la déforestation est souvent le fait d'habitants sans autre revenu.
Aussi 50% des recettes d'entrée au parc reviennent à des projets de développement local. "Le responsable de l'accueil a pour mission d'expliquer aux touristes pourquoi l'entrée a un prix élevé (environ 10 euros, plus le coût du guide) et justifier notre politique", précise M. Razafindrajary.
Avec ces bénéfices, des puits et des écoles ont déjà été construits. Le parc génère aussi une cinquantaine d'emplois permanents, la plupart dévolus à des habitants de la région.
"Je suis devenu guide car j'ai vu que je pouvais gagner plus qu'en cultivant du riz", raconte Justin Rakotoroa.
Pour compenser les pertes dues à l'arrêt des coupes de bois, il a également fallu imaginer de nouvelles sources d'activités. Un atelier de tissage, créé près de l'entrée du parc, gére la collecte du raphia et vend directement aux touristes.
Mais si le site d'Ankafarantsika bénéficie jusqu'à la fin 2008 d'un soutien financier de la coopération allemande, le modèle économique reste balbutiant.
"Nous avons tout pour produire - en qualité et en quantité - mais il nous manque des débouchés: en basse saison (touristique), on ne vend rien", se plaint une responsable de l'atelier.
"Les bénéficiaires directs sont contents, les autres beaucoup moins. Il leur est difficile de respecter les règles", dit un employé du parc sous couvert d'anonymat.
En termes de conservation, les résultats sont cependant éloquents: en 1998, 12.000 ha avaient été brûlés, 40 en 2007.
Et les 5.555 touristes venus en 2007 d'une quarantaine de pays semblent apprécier l'expérience.
"Nous n'offrons pas tout le confort, mais ils ne sont en général pas dérangés par cet aspect rustique. Ils aiment dormir sous la tente, entendre les animaux la nuit", note Vanona Rafam'andriajafy, chef du volet éco-tourisme.
Les circuits actuels ne dépassent pas pour l'instant quatre heures de marche dans le parc. "Nous aménageons des parcours plus longs pour que les gens restent davantage. Tout le monde aura à y gagner", parie M. Rafam'andriajafy.
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